Nous avons entendu parler du chantier de Guédelon lors d’un reportage en 2008 et mon amour de l’histoire (4 ans d’études universitaires en histoire, ça laisse des traces) m’a donné envie d’y entrainer toute la famille et même des amis et leurs enfants.
Il s’agit d’un projet fou, qui a déjà 20 ans, de construire un château fort du Moyen-âge avec les techniques et les matériaux d’époque. Il est situé dans l’Yonne entre Vierzon et Auxerre à deux pas du château de St Fargeau. La carrière de pierre et la forêt de Guédelon sont l’écrin de ce monument et fournissent le matériel de construction.
La terre aussi est leur alliée avec des argiles, des sables , des ocres jaunes et rouges pour les pavements, les tuiles et la décoration à venir.
Il ne restait plus qu’à construire comme au 13ème siècle, retrouver, réinventer les techniques, fabriquer les outils.
Pour nous angevins, il faut compter 3h30 de route via Tours et Vierzon, les parisiens en ont pour 2h00.
Notre première escapade Bourguignonne s’est faite en Mai 2009, le logis est construit mais n’a pas encore sa toiture. On devine deux tours en construction.
et la seconde en mai 2014, le logis est couvert et décoré pour certaines pièces, la cuisine fonctionne, une tour est presque achevée et les trois autres avancent aussi et gagnent des degrés.
C’est une expérience unique, on est dans l’histoire des bâtisseurs. Sur le chantier tous les ateliers nécessaires à la construction sont expliqués. les matériaux, les outils sont créés sur place, les cordes, les ardoises, les pavements, la taille de pierre…avec uniquement la traction des chevaux de traits pour le transport.
Premier séjour Mai 2009
Les garçons ont 5 ans, après quelques années en Touraine et beaucoup de châteaux de la Loire visités, ils connaissent cette époque et aiment les chevaliers et leurs armures.
Avec des amis nous partons pour le week-end avec une journée entière consacrée à Guédelon. La météo est favorable nous arrivons le matin vers 10h00 et nous resterons jusqu’à 16h00.
Le site est vaste, les enfants peuvent courir, les chiens en laisse sont même autorisés.
On commence par le matériau de base du château, la pierre. Le site a été choisi car il était sur une carrière. Elle est taillée sur place à la demande, avec des gabarits.
Comme vous le voyez, c’est des costumes « d’époques », par contre la médecine du travail a imposé les chaussures de sécurité. Le chantier est composé de salariés, de compagnons, de bénévoles, de stagiaires, ils n’échappent pas à la législation des temps modernes.
Augustin assiste à une démonstration pédagogique sur la taille, on peut voir accrochés au plafond les modèles de pièces à façonner. C’est très pédagogique accessible, les artisans sont souriants et à l’écoute.
Des chevaux lourds attelés à des charrettes assurent le transport du bois, des pierres, des matériaux divers sur tout le site.
Pour assurer le levage des lourdes pierres, ils ont créé des cages à écureuil (en gros la roue du hamster, en bois à tambour), la grue du moyen-âge, un homme seulement à l’intérieur peut ainsi faire monter par un système de poulies les pierres taillées.
C’est fascinant pour nous tous de découvrir les techniques de levage et donc de comprendre le temps nécessaire à ce type de construction. Des chercheurs en histoire ont aidé le chef de chantier Florian Renucci en trouvant des enluminures de ces fameuses cages.
En faisant le tour du château, on assiste au travail de la chaux qui sert au mortier pour les murs. Elle est mélangée à du sable, de la terre de Guédelon et de l’eau. Le mortier de chaux est utilisé pour son séchage lent qui évite la fissuration des murs.
Puis place au forgeron, qui fabrique les clous, les gonds, les outils, tout ce qui est nécessaire.
Le feu dans l’âtre brûle en permanence avec un grand soufflet (à gauche sur la photo) pour alimenter le feu en air. Il y a des outils partout pour façonner les multiples pièces nécessaires au chantier.
Ici pas d’eau courante mais on trouve des solutions pour acheminer l’eau.
On a pu visiter un peu du Logis seigneurial qui sort de terre. On peut visiter librement ou prendre part à une visite guidée.
Le château a déjà belle allure il est en construction depuis depuis 12 ans. On se rend compte de l’ampleur de la tâche. On comprend mieux le travail qui a été nécessaire pour nos nombreux châteaux médiévaux, à travers la France.
Pour le déjeuner on a testé la cuisine médiévale avec des plats simples et nourrissants. On a pu manger dehors sur des tables en bois c’était très sympa.
Une belle journée pour tous et on échappe pas à la boutique avec épée et bouclier en bois pour les petits gars.
Deuxième séjour Mai 2014
Pour notre deuxième séjour on se prépare avec les même amis, les enfants ont bien grandi et veulent en savoir plus.
Notre pique-nique est dans la voiture, on est paré pour une journée médiévale sous un temps mitigé.
On est bien plus structuré, on sait où on va avec le plan du site.
Les garçons savent lire désormais, ont commencé à étudier cette période et sont très à l’écoute et motivés pour en apprendre le plus possible.
Le parking s’est agrandi et structuré, il y a du nouveau avec une épicerie à l’entrée du site.
C’est parti pour le tour du château et la vision de son avancement. Le Logis est couvert, les tours montent, c’est top. On visite d’ailleurs le logis, nous sommes ici dans la tour à gauche du logis, avec le schéma de son avancement.
Nous découvrons l’ancêtre du niveau, le pendiculaire.
L’escalier a du demander beaucoup de travail, c’est étrange de voir de l’architecture du moyen-âge neuve!
Certaines pièces du logis sont décorées avec des peintures à base d’ocre rouge et jaune crées sur place, malheureusement la lumière naturelle ne suffit pas avec un téléphone comme seul appareil.
Sur les hauteurs on peut voir sur la droite la partie restauration avec la taverne et l’encas en lisière de forêt.
Midi approche et nous sommes attirés vers la cuisine qui a pris ses quartiers.
Les volailles rôtissent dans la cheminée, le pain est cuit dans le four à gauche du feu. Ici on travail avec les produits de la ferme et du potager attenants au Château.
Cette fois ci on profite de l’air de pique nique couvert et vu le temps un peu pluvieux c’est parfait. On croise l’attelage au travail pour du transport de pièces.
Puis on repart vers l’atelier des tuiliers qui fabrique tuiles et carreaux de pavements en argile trouvée sur place afin de couvrir les toitures du château et de couvrir les sols de tomettes. On assiste à la démonstration de création des pavements grâce à des moules en bois. Ils sont mis à sécher puis cuits environ 12h00 dans un four à 1000°C.
On se dirige ensuite vers la petite maison de bois où des pigments et de la laine sont utilisés pour la décoration comme on voit sur le mur ci-dessous. Les maisons en bois sont construites avec le bois de la forêt avec des tuiles en bois de douglas. Pour les murs c’est du torchis composé de terre et de pailles.
Les poules ont la belle vie et profitent des ateliers pour s’abriter.
Les éléments naturels pour la teinture sont cultivés et transformés sur place. On peut en retrouver des exemples à la boutique.
La ferme accueille cochons, moutons, ânes, volailles et les écuries sont dédiées aux chevaux de traits.
Tous œuvrent à la vie des lieux.
Jules et Augustin apprennent le travail des cordages qui sont réalisés ici avec du chanvre avec un rouet.
Guédelon a un grand rôle éducatif et reçoit des scolaires, des bénévoles, des compagnons.
Bon à la fin de la journée on en pouvait plus on a mis les gosses au pilori, d’abord Jules,
puis Augustin, pas de jaloux.
Une vidéo de France 3 pour illustrer mon propos, c’est idéal.
Encore une super journée, un peu boueuse et quelques achats, haches en bois, quelques livres et une maquette du site.
Printemps 2017
On se prépare gentiment pour une visite cette année car le chantier a des nouveautés qui nous font envie et on veut aussi revoir d’autres ateliers:
- Le meunier qui à l’aide du moulin hydraulique, prépare la farine du boulanger,
- Le monnayeur qui frappe monnaie,
- Les vannières,
- Participation à un atelier taille de pierre.
Un jour peut-être quand les enfants seront plus grands on se laissera tenter par la participation aux travaux du chantier. On peut y passer de 4 à 7 jours sur demande préalable.
On aime/on n’aime pas
On aime
Tout, le cadre est presque d’époque au cœur de la forêt, les travaux pharaoniques et tous les oeuvriers sont pédagogues auprès des visiteurs. Ce n’est pas qu’un chantier de construction mais surtout une expérience humaine. Ici on prend le temps de faire et de faire savoir.
Vous avez le choix de manger sur place avec plein de propositions, du plus basique au repas du moyen-âge ou d’amener votre pique-nique avec des grandes aires couvertes.
Tous les âges s’y retrouvent car des ateliers sont prévus en fonction de l’âge. Il y a aussi les animaux de la ferme toujours facteurs de liens.
On n’aime pas
Ba! c’est la campagne, c’est les conditions du direct avec gadoue, flaques d’eau, prévoir les bottes s’ il fait humide et c’est le cas souvent au printemps.
On est « au moyen âge » quand vous êtes dans l’enceinte pas de lieu chauffé, tout est en plein air sauf quand vous visitez le logis, il faut se couvrir en conséquence mais ça c’est du bon sens.
Mais c’est un tout petit bémol.
